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29 Mar 2018

Interview de Mamadou Lé

Bonjour les lecteurs ! On se retrouve pour un nouveau format, les interviews, aujourd'hui j'ai l'honneur d’accueillir Mamadou Lé qui va répondre à mes questions.

Bonjour Mamadou, dans un premier temps peux-tu te présenter.

Bonjour à tous. Je me présente : je m’appelle Mamadou Lé, je suis auteur depuis décembre 2017, je ne suis pas marié, et je n’ai donc pas d’enfants. J’ai la trentaine et je travaille chez la Collection Vendre, sous sa Maison d’Édition Oyoki. Mais, je considère être comme indépendant, car ils laissent beaucoup de libertés.

Pourquoi écris-tu ?

Dès petit, j’ai commencé à écrire. Quand j’étais en école primaire, je découpé des petits morceaux de feuilles que j’assemblai pour faire comme un livre, puis, j’écrivais divers choses dedans. Écrire est plus qu’un métier : c’est une véritable passion.

Quelles sont vos inspirations ?

Mes inspirations sont très diverses : j’aime publier des livres de sciences-fiction, comme des livres auto-biographiques, ou bien encore du théâtre moderne. En fait, j’aime toucher à tout !

Quelles sont les difficultés auxquelles on peut se heurter dans l’écriture d’une biographie ?

Il y en a vraiment beaucoup [rire, NDLR] ! D’abord, vous devez savoir ce que vous voulez dire. Puis, ce que vous pouvez dire : vous n’allez pas parler de la même façon avec un ami proche qu’avec des lecteurs. Mais, j’essaye au maximum de réduire cette barrière. D’ailleurs, je pense même que c’est pour cela que les personnes aiment me lire.

Dans vos livres "Mamadou Lé raconte sa life" 1 et 2, vous parlez de votre enfance, est-ce que cela à été difficile d'en parler ? Car vous avez eu une jeunesse très dur.

Non. Je ne parle de mon enfance que dans le premier opus de cette série de livres auto-biographiques. Dans le second, ce ne sont que des anecdotes portées sur mon adolescence et sur ma vie adulte. Cependant, peut-être que dans le troisième opus qui va paraître dans quelques semaines, j’en reparlerai… Mais, oui, cela est très difficile d’en parler car ce sont des faits qui m’ont extrêmement marqués.

Quelle annonce ! Regardez vite pour ne pas manquez son troisième opus que tout le monde attend avec impatience ! Finalement, quelle est la chose que vous avez envie que vos lecteurs retiennent de vous ?

Je ne sais pas trop… Peut être ma joie de vivre, peut être ma sincérité, peut être le contact proche avec mes lecteurs, qu’ils soit auteurs ou lecteurs d’ailleurs.

Je remercie chaleureusement Mamadou Lé d’avoir bien voulu répondre à mes questions. J’espère que cette interview vous donnera envie de découvrir les excellentes biographies qu’il a consacré à lui même et les autres livres et projets qu’il fait. Très bonne lecture à tous et ne manquez pas bientôt la prochaine interview !
 

29 Mar 2018

Critique de film : Ready Player One

On l’attendait depuis bien trop longtemps. Sur les réseaux sociaux la simple évocation du projet provoquait des raz-de-marée de tweets et de débats sans fin. Avant même sa sortie, le film faisait largement parler de lui et était attendu partout, par tous ou presque. Basé sur le roman éponyme d’Ernest Cline, qualifié de bible pour les geeks, READY PLAYER ONE est déjà nommé film de la décennie assurant encore à Steven Spielberg sa place au sein de cet art au divertissement sans limites. Pour beaucoup le projet s’arrête à une liste sans fin de références à la pop-culture. Libre à chacun de faire ce qu’il désire mais c’est finalement retirer toute la profondeur et la virtuosité du film. C’est en tous cas ce qui est frappant, lorsqu’on prend un peu de recule sur ce que l’on vient de voir, de comprendre à quel point Steven Spielberg s’est approprié cette œuvre littéraire pour en faire un long-métrage marquant, inventif et créatif. C’est simple, le réalisateur de 71 ans semble sans limites. C’est à se demander si il ne détient pas le secret de la jeunesse éternelle tant son regard, sa vision et sa perception du monde en changement constant est d’une fraîcheur remarquable. C’est finalement ça le fil conducteur de sa filmographie, ce qui réunit toutes ses thématiques, toutes ses inventions et toute sa créativité : son acceptation du passé, son excitation pour le futur et sa compréhension du présent. Un mélange qu’il parvient toujours à nuancer, à mettre en relief et à illustrer. 

READY PLAYER ONE est un film de science-fiction qui, comme tous bons films de science-fiction, n’est pas dénué de réalité mais qui au contraire s’y insère parfaitement. Une seule phrase tirée du film pourrait nous faire plancher sur le sujet pendant quatre heures : « seule la réalité est réelle ». Sortie de son contexte, on pourrait penser que Steven Spielberg fait parti de ces « vieux cons » qui ne cherchent pas trop à comprendre le monde évolutif dans lequel ils vivent et qui ressassent sans cesse le passé ponctuant toutes ses réflexions par une phrase bien connue « c’était mieux avant ». Mais c’est sans compter sur le réalisateur qui depuis plus de 45 ans nous montre son esprit vif et clair. Cette histoire est une aubaine pour Steven Spielberg qui n’a cessé, à travers ses films, de questionner la technologie qui évolue, à la fois grand remède et maux de notre monde. Bien avant Black Mirror, il questionnait le monde et en l’occurrence les spectateurs sur cette thématique, toujours avec une longueur d’avance. Quand en 2001, il mettait en relation les humains et les robots dans A.I : Intelligence Artificielle, ici, en 2018, il met en relation le virtuel et la réalité avec un constat beaucoup moins triste mais toujours aussi profond.

Le jeune Wade Watts, comme la plupart des gens en 2045, se réfugie dans le monde virtuel (comme beaucoup de personnes en 2018). La plupart de ses amis sont là-bas, des amis qu’il n’a jamais rencontrés IRL (comprendre « dans la vraie vie ») pourtant, aucun message négatif n’est apporté par ce biais simplement de la mise en garde « ne dis pas ton vrai nom à n’importe qui ». Un constat qui peut paraître un peu naïf et simplet mais qui est facilement oublié tant les limites entre le virtuel et la réalité sont très fines. Ces très fines limites, Steven Spielberg jonglent avec, mélangeant les scènes réelles et les scènes virtuelles sans jamais devenir illisibles. Une scène peut même contenir les deux sans jamais rendre le spectateur totalement dingue tandis que les personnages, s’y retrouvent parfaitement jouant même avec ces deux mondes pas si éloignés l’un et l’autre.

En plus d’un scénario solide, le papa d’E.T., apporte une réalisation fluide et virtuose où la caméra virevolte sans se perdre. Il est certain que visuellement, le long-métrage est un des meilleurs de la décennie car non seulement il a une mise en scène incroyable mais en plus elle sert pleinement le propos. Il est difficile de ne pas penser à cette scène du film, totalement jouissive pour les spectateurs cinéphiles, dans laquelle les héros se retrouvent plongés dans un des films de Stanley Kubrick. Non seulement Spielberg recrée dans les moindres détails l’univers du film culte (avec incertitude, on pense même qu’il passe du format numérique au format pellicule) du cinéaste disparu mais en plus il se l’approprie pour servir son propre film. Dans cette seule scène il réussit à dire aux spectateurs que rien n’est sacré et par extension que la pop-culture n’est pas une religion sacrée, qu’on peut se l’approprier, la changer, l’utiliser avec, évidemment, beaucoup d’amour et de respect. Spielberg ne dénature pas l’oeuvre de Kubrick, il lui rend hommage, il l’utilise de manière intelligente tout comme les multiples références de READY PLAYER ONE qui sont parfois des clins d’œil à son propre cinéma.

En questionnant la réalité et le virtuel, Steven Spielberg offre un constat lucide sur le monde actuel. Toujours doté de sa capacité à explorer, montrer et nuancer le monde dans lequel il vit, le réalisateur offre, une nouvelle fois, un film vertigineux où sa créativité et sa maîtrise dans la réalisation n’a, pour le moment, pas d’égal. Tout est presque trop contrôlé et c’est peut être un des seuls points négatifs du film : le manque d’émotions pures. Si pour tous les amoureux du cinéma, il est assez facile d’être ému par l’image où chaque plan regorge d’une dizaine d’idées, vis-à-vis du scénario et des personnages, il y a une petite barrière qui nous empêche d’être transporté. Si seule l’histoire révélera si READY PLAYER ONE est le film de la décennie, il est certain qu’il marque et marquera les spectateurs d’aujourd’hui et de demain.

Date de sortie 28 mars 2018 (2h 20min)

De Steven Spielberg

Avec : Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn

Genres : Science-Fiction, Action, Aventure

Nationalité : Americain

26 Mar 2018

Critique de film : Black Panther

Synopsis :

Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier…

 

Depuis quelques années, j’entends régulièrement parler d’une potentielle "fatigue" concernant les films de super-héros. J’ai du mal à comprendre le problème avec une dizaine de films sur 829 sorties en 2017, sauf à dire qu’il y a une irritation quant à la trop grande place médiatique que prennent ces films. En ce qui concerne Marvel, à part se passer dans un univers commun, y a t’il dans le style et dans le fond tant de choses en commun entre Doctor Strange, Ant-Man, Les gardiens de la Galaxie, Spider-Man et aujourd’hui Black Panther ? Si les films chorales comme Avengers ou le dernier Captain America sont les colonnes vertébrales du MCU, chaque long métrage unitaire est fondamentalement différent des autres. Il faut louer l’action en ce sens de Kevin Feige et son équipe qui ont compris que le public a un besoin impérieux d’être surpris. Et dans cette optique, Black Panther est un coup de maître. Vu de loin, on pourrait dire que le film est uniquement une tentative de Marvel de proposer un film de blaxploitation à la mode super-héroïque. Or, Black Panther est bien plus que ça. C’est d’abord une ode à l’Afrique et au potentiel de ce continent. Le Wakanda peut se voir comme le lieu d’une histoire dystopique où un pays aurait concilié avec bonheur une civilisation tribale, qui a su garder ses traditions, et le développement d’une technologie très avancée.

C’est un film très politique. Le Wakanda est un pays qui a assis sa stabilité et sa sécurité sur une logique jusqu’au-boutiste de l’isolationnisme. Même si le scénario a été développé avant l’élection de Trump à la présidence, il n’est pas difficile de remarquer la critique sous-jacente de la politique américaine. Et encore plus avec la première scène post-générique qui est une véritable gifle à Moumoute Man.

Mais ce qui m’a peut être le plus enthousiasmé, c’est la place fondamentale qui est donné aux femmes. Sublimé par des actrices talentueuses, le film est littéralement porté par elles. Visionnaires, lucides, déterminés, fortes, elles concentrent toutes les qualités qui ne sont malheureusement pas toujours de mise pour leurs contreparties masculines.

Parlons du casting. J’avais beaucoup aimé la prestation de Chadwick Boseman dans Captain America - Civil War. T’challa semble moins sûr de lui dans ce film ce qui donne beaucoup d’humanité à jouer à Boseman. Le rôle de Michael B. Jordan a pour difficulté de sembler longtemps caricatural avant de prendre une dimension très différente. Pour notre plus grand plaisir, Andy Serkis en fait des tonnes à l’écran et c’est purement génial.

Mais je le répète, ce sont les rôles féminins qui illuminent l’écran. Outre le charisme de Lupita Nyong’o ou encore d’Angela Bassett, j’ai été surpris par la jeune Letitia Wright qui joue la petite sœur de T’Challa. L’actrice, qui interprète un équivalent de Q dans James Bond, est le soleil éclatant du film. Mais celle qui explose littéralement dans Black Panther, c’est Danai Gurira (Générale Okoye). Plus connue dans le rôle de Michonne dans The Walking Dead, dès qu’elle apparaît à l’écran, vous ne pouvez plus la quitter des yeux.

Techniquement, c’est un plaisir visuel. Costumes, décors et effets spéciaux, c’est un feu d’artifice de couleurs. A part quelques effets spéciaux dont l’origine informatique m’a semblé très visible, c’est du tout bon. J’avais un peu peur d’une omniprésence de Rap pour la musique du film. Si celui-ci est effectivement présent, il est dosé assez harmonieusement avec une musique symphonique aux accents tribaux. L’histoire dose très bien les moments explicatifs et l’action trépidante. Les deux heures et quart de long-métrage passent comme un charme. Mon seul grand bémol concerne certains raccourcis de scénario assez habituels dans les blockbusters de ce type, notamment dans la résolution d’un moment critique pour T’challa, mais rien de bien grave.

Black Panther est définitivement la grande belle surprise de ce début d’année. Black Panther est un excellent film de super-héros complètement différent de ce que l’on a pu voir précédemment et mettant à l’honneur le royaume africain du Wakanda. Le pays s’est constitué il y a des millénaires, réunissant 5 tribus. Ces dernières se sont développées en utilisant le vibranium, le métal le plus dur du monde et source d’une grande énergie. Le pays est donc hyper développé technologiquement et se cache aux yeux du monde.

Les amateurs de Black Panther l’on déjà vu dans Captain America : Civil War où il avait fait une apparition impressionnante. Le long métrage éponyme est intégralement consacré au fils du roi du Wakanda qui va monter sur le trône et se battre pour ses idéaux.

Le casting est très bon. On retrouve Chadwick Boseman superbe dans un costume taillé pour lui. On peut aussi découvrir Forest Whitaker en conseiller, Daniel Kaluuya en gardien de la frontière et revoir avec plaisir Martin Freeman en agent de la CIA.

Mais ce sont les femmes qui captent l’attention, véritables guerrière ne s’en laissant pas compter, et garde rapprochée de la royauté. Ainsi Lupita Nyong’o en combattante aguerrie et Danai Gurira en générale offrent de très belles scènes de combat. Il faut aussi souligner la très intéressante prestation de Letitia Wright en sœur geek du roi. Quant aux « méchants » de service qui s’avère plus profond que leur rôle ne le laisse supposer, c’est Andy Serkis et Michael B. Jordan qui endossent leurs personnages.

Ryan Coogler réalise un film passionnant et épique alternant entre deux mondes. C’est d’ailleurs la scène à Busan en Corée du Sud qui apporte le lot de course-poursuite et de fusillades de ce genre de film. Mais la totalité de ce dernier se passe en Afrique. Et il offre des séquences vraiment inédites sur fond de merveilleux paysages. La photographie de Rachel Morrison est vraiment splendide et apporte tant un côté glamour que chaleureux à certaines séquences. Ces dernières, notamment une cascade impressionnante, sont magnifiées par les immenses paysages dans lesquels est niché le pays de Wakanda.

Quant aux somptueux décors d’Hannah Beachler et aux très recherchés costumes de Ruth E. Carter, ils trouvent le parfait équilibre entre tradition et modernité.

Le film dure 2h20 afin de mettre en place l’histoire d’un pays peu connu en dehors des amateurs de comics Marvel. On ne voit néanmoins pas le temps passer. Le scénario pose de véritables questions éthiques concernant l’aide que les plus riches peuvent apporter aux populations en souffrance. C’est une dimension psychologique que l’on ne trouve pas dans d’autres œuvres de même type. Les effets spéciaux sont remarquables, tant au niveau de la technologie avancée de Wakanda que lors des multiples séquences d’action qui en mettent plein les yeux. Les chorégraphies des scènes de combats sont formidables. Et que ce soit dans des huit clos ou au milieu d’une plaine gigantesque, à 2 ou à des centaines de combattants, l’action est toujours lisible. D’autant que l’utilisation de techniques innovantes leur apporte un côté inédit.

La musique de Ludwig Göransson accompagne très bien le récit, utilisant des passages orchestraux et s’appuyant sur des sonorités africaines. Black Panther est l’un des meilleurs films de super-héros de ces dernières années et le plus différent. À la place d’une surenchère d’action et d’effets spéciaux, c’est une très intéressante réflexion sur notre société qui est portée. C’est aussi la fort belle mise en valeur d’un super-héros noir ne jouant pas les sidekick qui est mise en avant. Un homme droit et honnête ayant un cœur et se battant pour ceux qu’il aime et les personnes ne pouvant se défendre. Avec une galerie de personnages bien campés, un scénario non-manichéen, une réalisation efficace, des images superbes et des effets spéciaux impeccables, courrez découvrir le nouveau visage de la justice. Étonnant et spectaculaire. Et bien sûr, comme pour tous les films Marvel, restez bien jusqu’à la fin du générique pour en découvrir la séquence final annonciatrice du prochain film.

 

 Durée du film : 2 h 14
 Titre original : Black Panther
 Date de sortie : 14/02/2018
 Réalisateur : Ryan Coogler
 Scénariste : Joe Robert Cole et Ryan Coogler
 Interprètes : Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Lupita Nyong’o, Danai Gurira, Martin Freeman, Daniel Kaluuya, Letitia Wright, Winston Duke, Angela Bassett, Forest Whitaker, Andy Serkis et Florence Kasumba
 Photographie : Rachel Morrison
 Montage : Michael P. Shawver et Debbie Berman
 Musique : Ludwig Göransson
 Costumes : Ruth E. Carter
 Décors : Hannah Beachler
 Producteurs : Kevin Feige pour Marvel Studios
 Distributeur : The Walt Disney Company France

26 Mar 2018

Critique de Film : La forme de l'eau

Deux ans après sa histoire de fantômes gothique Crimson Peak , Guillermo Del Toro revient aux monstres pour un film qui brasse toutes les influences qui lui tiennent à cœur  , après son Lion d’Or au festival de Venise et ses nominations aux Oscars The Shape of Water semble être pour lui le film de la consécration « officielle » mais est-ce un bon Del Toro ? En 1962, à Baltimore, au plus fort de la guerre froide,  Elisa (Sally Hawkins) , une femme muette (mais pas sourde)  travaille comme femme d’entretien dans un laboratoire secret du gouvernement où elle découvre  une étrange créature aquatique (Doug Jones) avec qui  elle  apprend  à communiquer jusqu’à  nouer bientôt une  attirance romantique. Quand elle comprend que le chef de la sécurité le sinistre Strickland (Michael Shannon) projette de disséquer la créature, elle élabore un plan audacieux pour la sauver  sollicitant l’aide de son voisin l’artiste gay Giles (Richard Jenkins) et de sa collègue Zelda (Octavia Spencer). La forme de l’eau s’ouvre sur une rêverie sous-marine, qui donne le ton du film, avec une  princesse flottante et endormie dans une pièce où l’eau se retire à mesure qu’elle sort de son sommeil et se termine sur un plan final qui suggère l’apesanteur et la joie. Le scénario, écrit par Guillermo Del Toro et Vanessa Taylor (Divergente), est une variation sur La Petite Sirène de Hans Christian Andersen , La Belle et la Bête de Gabrielle-Suzanne Barbot de Villeneuve  et La Créature du Lac Noir de Jack Arnold mais possède  sa propre vibration indissociable de son auteur qui en fait un méticuleux mélange de conte, de creature-feature, de thriller et de romance . Avec  The Shape of Water Del Toro signe un  conte de fées pour adultes avec des éléments érotiques explicites, le cinéaste mexicain  ne craignant pas de montrer le désir d’Elisa pour la créature (après tout   n’avait il pas annoncé à Doug Jones l’interprète de la créature « cette fois-ci le monstre b… l’héroïne ») mais une sexualité innocente avec laquelle il se montre plus à l’aise qu’avec  la perversion de Crimson Peak.

 

Malgré  la sensibilité poétique que Guillermo Del Toro confère à sa romance , certains pourront lui reprocher de ne pas être à la hauteur  de la sophistication de sa direction artistique,  ses personnages ne  transcendant jamais leurs archétypes. Du coté du mal le méchant porte du noir, une arme phallique comme symbole de son pouvoir , conduit d’imposantes voitures ,  dénigre femmes et minorités. Du coté du bien des outsiders sympathiques l’ orpheline muette,   une femme noire impertinente et son voisin gay,  artiste sensible  qui vont s’opposer aux forces hégémoniques à dominante blanche , hétérosexuelle et masculine de leur époque. L’allégorie politique est certes un peu « on the nose » mais Del Toro y apporte quelques nuances. Tous les personnages quelle que soit leur allégeance sont en quelque sorte des freaks  qui cachent leur vraie nature. Giles réprime son homosexualité dans la société pudibonde des années soixante , le professeur Hoffstetler (un très subtil Michael Stuhlbarg) est non seulement un espion mais il doit  cacher sa bienveillance comme une tare, aux deux camps qu’il sert. Même Strickland  est aussi  victime de la pression qu’exercent  les normes sociales et économiques. Les événements du film  achèvent de briser son masque social, déjà bien craquelé,  du mâle-alpha bon père de famille  qu’il ne parvient  plus à assumer. Là où le personnage d’Eliza vit ce dévoilement comme une libération, c’est pour celui incarné par  Michael Shannon, au jeu  dense comme de l’uranium, un véritable pourrissement que Del Toro matérialise par la gangrène qui gagne peu à peu  ses doigts.

La superbe direction artistique de Paul D. Austerberry (un habitué des productions du décrié Paul WS Anderson) et la remarquable photographie de Dan Laustsen (John Wick 2 et déjà Mimic et Crimson Peak avec Del Toro) , qui combine plus de nuances de vert que vous n’en verrez jamais, évoquent l’Amélie Poulain de Jeunet pour sa minutieuse attention aux moindres détails dans la reconstitution fantasmée d’une époque. L’action est volontairement située  en 1962, moment où les Etats unis d’Amérique enflammés par la course à l’espace (Strickland veut disséquer la créature afin de percer le secret de son système respiratoire et donner un avantage aux futurs astronautes américains)  se voit au seuil d’un avenir radieux (« Aurons nous des jet packs dans le futur ? » demande le fils de Strickland ) qui ne viendra jamais… Kennedy sera assassiné en novembre et déjà la guerre du  Viêt Nam se profile. Au travers de la dégénérescence morale et physique du personnage de Michael Shannon, Del toro veut dénoncer cette nostalgie mauvaise qui traverse l’Amérique de Trump  d’un age d’or qui n’a jamais vraiment existé pour beaucoup d’américains . Le personnage de Strickland rend la créature responsable de son échec comme le président actuel fait des minorités les boucs émissaires de la crise morale du pays. Au delà des considérations politiques le cœur battant du film est la performance incroyable de Sally Hawkins, qui retrouve l’expressivité des grandes actrices du muet tout en y apportant une note délibérément moderne.

 

Titre original : The Shape of Water

Réalisation : Guillermo del Toro

Scénario : Guillermo del Toro, Vanessa Taylor

Acteurs principaux : Sally Hawkins, Michael Shannon, Richard Jenkins, Doug Jones, Michael Stuhlbarg, Octavia Spencer

Sociétés de production : Bull Productions, TSG Entertainment, Double Dare You Productions

Pays d’origine : États-Unis

Genre : Fantastique

Durée : 123 minutes

Sortie : 2017

26 Jan 2018

Critique de film : STAR WARS VIII LES DERNIERS JEDIS

Bonjour, bonsoir à tous on se retrouve pour une première critique de film, moi, Aboubakar je ferais des critiques de films américains (pour la plupart). Je précise que ce que je dis est purement mon ressenti. Voila comment vont se dérouler les critiques : l'analyse, puis mon ressenti.

Quels sont les ingrédients d'un bon Star Wars? Il y a certainement autant de réponse possible que de fans de cet univers, inventé de toutes pièces par George Lucas en 1977. Il y aura donc surement autant de déçus que de ravis, ce mercredi 13 décembre, une fois sortie des salles diffusant l'épisode 8 de Star Wars, "Les derniers Jedis".

D'autant que Rian Johnson, le réalisateur aux manettes, était face à un véritable défi. Faire mieux que l'épisode 7, réalisé par J.J. Abrams en 2015, qui a relancé une nouvelle trilogie. Pire: égaler "L'Empire contre-attaque", le deuxième film de la saga, réalisé par Irvin Kershner en 1980. Or, cet épisode 5 est souvent considéré comme le meilleur, toutes trilogies confondues.

Pari réussi? Difficile à dire, tant le film, de 2h30, est dense et navigue entre prise de risque et hommage classique. Entre remake appuyé et volonté de renversement. Entre une sorte de photo vintage de l'Empire contre-attaque et un pur négatif du film culte.

Surtout que l'épisode 7 est passé par là. "Le Réveil de la force", avait touché la planète en deux temps. D'abord, un film magnifique, tourné d'une manière vintage, où l'on retrouvait les grands éléments classiques de Star Wars. Un bonheur sur le moment pour une bonne partie des critiques et des fans.

Mais un bonheur qui, pour beaucoup, fut de courte durée. Difficile en effet, à tête reposée, après l'avoir regardé plusieurs fois, de ne pas voir l'épisode 7 comme un simple remake du 4. Avec une étoile de la mort de la taille d'une planète, des personnages à l'archétype proches des héros de la première trilogie, le tout dans un scénario très, très similaire.

Et l'épisode 8 peut aussi donner cette impression. Les références sont nombreuses, omniprésentes, sur le fond comme sur la forme. Que ce soit du côté de l'apprentissage de Rey auprès de Luke. Ou de la lutte entre le Premier Ordre et la Résistance. Que ce soit dans les répliques cultes, répétées jusqu'à l'indigestion. Ou dans les arcs scénaristiques des personnages.

Si on s'arrête à ces séquences, si l'on butte sur ces évidences, difficile pour un fan connaissant bien la première trilogie de ne pas être désappointé. Malgré la qualité de la réalisation. Malgré les séquences haletantes. Mais ce serait dommage. Car à côté de cela, Rian Johnson a réussi à sortir du simple hommage, du remake classique et un peu trop sage.

Non pas, comme on aurait pu s'y attendre, en fonçant simplement dans l'inconnu, avec un scénario sans aucun lien avec celui de "L'Empire contre-attaque". Mais en retournant totalement certains ressorts scénaristiques. Comme une vieille chaussette. Pour le dire de manière plus flatteuse, Rian Johnson fait osciller "Les Derniers Jedi" entre une belle photo de l'épisode 5 et son négatif. Et ce de manière assez habile.

Parfois en inversant le rapport de la précédente trilogie entre dominé et dominant. Entre lumineux et Obscur. Parfois en changeant à la marge un détail, comme les forces en présence. Ou en modifiant la fin d'une intrigue, qui semblait jusque-là une copie conforme de celles, si justes, de L'Empire contre-attaque. Ou encore en travaillant des personnages auxquelles on ne s'attendait pas.

À la fin, on se retrouve donc un peu perdu. Surtout que le film, le plus long de toute la saga Star Wars, est extrêmement dense. Alors même que toute l'intrigue se déroule, pour les personnages, en une poignée de jours seulement.

Quelques jours pendant lesquelles les acteurs, notamment Adam Driver, réussissent à exister et à nous faire vivre leurs décisions difficiles, leurs espoirs et leurs déceptions.

Dans cet épisode 8, Rian Johnson a glissé énormément de rebondissements et de renversements de l'équilibre. Où l'on oscille entre un humour, bien distillé au bon moment, une angoisse palpable, face à une destinée tragique, et un nouvel espoir, vacillant, telle une simple flammèche d'allumette.

Sur ce point, on pourrait d'ailleurs reprocher à cet épisode 8, comme pour le 7, de ne pas assez prendre son temps. De résoudre des problèmes en quelques secondes. De jouer un peu trop sur le hasard, la chance. Sur une sorte de "Deus ex machina" qui vient régler des soucis insurmontables. De donner parfois trop de pouvoir à la Force, ou encore de laisser certains pans de l'histoire de côté, sans explication.

"Les Derniers Jedi" ne plaira pas à tout le monde, c'est certain. Et ne rassurera peut-être pas les fans qui espéraient une trilogie qui faisait entièrement peau neuve du passé. D'autant plus quand on sait que c'est J.J. Abrams qui la clôturera, en réalisant l'épisode 9.

Mais Rian Johnson a montré qu'au milieu de l'hommage, il arrivait aussi à glisser des éléments intéressants, à garder un suspense haletant, à pousser les personnages dans leur retranchement. Ce qui est plutôt de bon augure, étant donné que le réalisateur a la charge de mettre au point une toute nouvelle trilogie Star Wars. Que la Force soit avec lui.

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